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Herpès et sexualité ? Oui c’est possible
Beaucoup de personnes vivant avec l’herpès vont restreindre, voire mettre de côté, leur sexualité. Pourquoi ? Par peur de transmettre le virus, par peur d’être rejeté, par diminution du sentiment de désirabilité, etc. Oui, l’herpès a un grand impact sur la sexualité, mais sachez qu’il est tout à fait possible d’avoir une sexualité active et épanouie tout en vivant avec !
Par où on commence ?
Tout d’abord, il faut s’éduquer. En connaissant les modes de transmission du virus et les méthodes de réduction des risques de transmission, vous vous sentirez beaucoup plus en contrôle de ce petit virus de peau. Il est important de savoir que pour qu’il y ait une possibilité de transmission, il doit y avoir eu un contact direct entre la région atteinte par le virus actif et une porte d’entrée chez la personne non atteinte (plaie, microlésion, muqueuse). De plus, le virus est actif à trois moments : 1- lorsqu’il y a des lésions apparentes, 2- lors des prodromes (signes avant-coureurs d’une poussée d’herpès : brûlures, démangeaisons, picotements…) et 3- lors de la période d’excrétion asymptomatique. Cette période inquiète beaucoup de personnes puisque c’est un moment où le virus est en quantité suffisante sur la surface de la peau pour être infectieux, mais pas assez pour causer des symptômes perceptibles. Il y a donc un moment imprédictible où il est possible de transmettre le virus sans avoir de symptômes apparents et cela entraîne beaucoup de craintes. Cependant, il faut se rassurer en se disant que cette période se produit très rarement dans une année (environ 1 à 3 % du temps) et à tendance à diminuer avec les années. Si on vous disait que vous aviez 1 % de chance de vous faire frapper par la foudre en sortant de votre maison ce matin, le feriez-vous quand même ? C’est bien probable.
Comment réduire les risques ?
Afin de se sentir davantage en contrôle lors de ses rapports sexuels, plusieurs moyens peuvent être mis en place. En voici quelques-uns :
Condoms et digue dentaire : Il est recommandé d’utiliser un condom interne, externe et/ou la digue dentaire, particulièrement lorsqu’il y a des symptômes. Ceux-ci permettent de limiter les zones contacts pouvant possiblement entraîner une transmission. Il est également important de savoir que le condom ne protège pas toutes les zones touchées par le virus de l’herpès, il faut donc être vigilant et être à l’affût des symptômes et des prodromes. Il faut prendre le temps d’apprendre à connaître l’effet du virus sur son corps afin d’être capable de déterminer les symptômes perceptibles et de limiter tout contact direct entre la région affectée et la personne non atteinte lorsqu’il y en a.
Lubrifiant : L’utilisation d’un lubrifiant lors des rapports sexuels est un autre moyen de limiter la transmission puisqu’il permet de diminuer la friction, donc les microlésions, qui sont des portes d’entrée au virus de l’herpès.
Abstinence : Et oui, l’abstinence est recommandée lors des symptômes et quelques jours après la guérison afin d’éviter la possibilité de transmission. Cependant, l’abstinence ne signifie pas aucune sexualité ! C’est l’occasion d’explorer d’autres sphères et d’autres pratiques sexuelles qui impliquent un risque diminué de transmission, telles que la sensualité, les caresses, les baisers, les massages érotiques, la masturbation mutuelle, la sexualité orale, le visionnement de vidéos érotiques et plus encore ! La sexualité implique plusieurs dimensions et pratiques, pas seulement la pénétration. C’est donc un bon moment pour prendre le temps de les explorer ! Ça implique un travail d’adaptation de ses pratiques sexuelles en fonction des risques possibles.
Traitement en mode suppressif : La prise du traitement en mode suppressif, c’est-à-dire une fois par jour, permet de réduire considérablement le nombre de récurrences, le risque de transmission et l’excrétion asymptomatique. Ceux-ci agissent en diminuant la quantité de virus dans le corps, sont très efficaces et impliquent peu d’effets secondaires. Cette méthode est recommandée pour les personnes qui font plus de six récurrences par année, mais il est possible de le prendre afin de réduire la possibilité de transmission au partenaire puisque son efficacité a été prouvée. En effet, cette méthode réduirait la possibilité de transmission à 1.1 % sur un an, et ce, avec ou sans condom !
Divulgation rapide aux partenaires : La divulgation au partenaire réduirait la possibilité de transmission de 50 %. Elle est importante puisqu’elle permet aux partenaires de prendre les mesures nécessaires pour avoir une sexualité sécuritaire et ainsi briser la chaîne de transmission. Afin de cheminer vers un dévoilement efficace et optimal, il faut d’abord prendre le temps de s’informer sur le virus. Votre partenaire aura probablement des questions et il est important que vous sachiez y répondre pour montrer que vous êtes en contrôle de la situation. De plus, il faut bien prendre le temps d’accepter sa condition avant de la dévoiler puisqu’il est difficile de faire accepter à l’autre ce que nous n’acceptons pas soi-même !
Négociation d’une entente commune avec les partenaires : Il est important de prendre le temps de communiquer sur la façon de prendre en charge la santé sexuelle des deux partenaires impliqués face à l’herpès. Négocier les méthodes de réductions des risques que vous voulez utiliser ou non, et faire des compromis sur celles-ci. Par exemple, si vous ne voulez pas utiliser le condom parce que vous êtes allergique au latex, vous pourriez décider d’utiliser du lubrifiant lors des relations sexuelles ainsi que prendre le traitement en mode suppressif afin de limiter les possibilités de transmission.
Pour finir, en connaissant et en appliquant les méthodes de réduction des risques qui vous conviennent, la sexualité saine et épanouie avec l’herpès est bel et bien possible. Il est tout à fait normal d’avoir une crainte de transmettre le virus à son ou sa partenaire. Par contre, il est important de se déculpabiliser en ayant en tête que vous ne devriez pas avoir sur vos épaules toute la responsabilité de la santé sexuelle de vous et votre partenaire. Chaque personne est responsable de sa propre santé sexuelle ! Si votre partenaire est prêt à prendre ce risque en ayant une relation sexuelle avec vous, c’est qu’il accepte de vivre avec les risques et c’est donc sa responsabilité.
Bref, ne laissez jamais personne vous dire que vous devriez arrêter d’avoir des rapports sexuels parce que vous avez l’herpès. C’est une infection mineure et très courante qui ne devrait pas affecter votre vie sexuelle du tout au tout. Chaque personne a le pouvoir de s’épanouir dans sa sexualité, et ce, avec ou sans virus !
Écrit par Andréanne Dupont, étudiante finissante au baccalauréat en sexologie