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Dépistage VHC au point de service pour HARSAH en milieu festif
Article original de référence : https://www.frontiersin.org/journals/public-health/articles/10.3389/fpubh.2024.1478195/full
Résumé traduit en français (source PNMVH)
16 janvier 2025
Bien que la transmission sexuelle soit moins fréquente, la prévalence sérologique de l’infection par le VHC (c’est-à-dire la présence d’anticorps anti-VHC) chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH), en particulier chez ceux qui sont coinfectés par le VIH-1, est plus élevée que dans la population générale (4 %). Par ailleurs, l’incidence de l’infection par le VHC a augmenté depuis 2000, en particulier parmi les HARSAH séropositifs pour le VIH-1 et les HARSAH séronégatifs utilisant la prophylaxie pré-exposition (PrEP ou PPrÉ). De plus, l’utilisation de substances récréatives pendant les rapports sexuels est courante dans ces populations et cette pratique est bien souvent associée à des comportements sexuels à risque (Fierer, D. S., & Schinkel, J., The Journal of Infectious Diseases, 2023). Une large proportion des cas de VHC reste non détectée, en particulier parmi les personnes navigant en dehors des systèmes de soins habituels, ce qui les empêche d’avoir accès au traitement par les agents antiviraux à action directe (AAD). Par conséquent, en plus de la prévention et du traitement, l’identification des cas de VHC inconnus et non traités parmi les populations les plus touchées est essentielle pour éliminer l’infection par le VHC.
L’objectif de cette étude (Albertos, S., & al., Frontiers in Public Health, 2024) visait à :
- évaluer la faisabilité et l’acceptabilité du dépistage à large échelle (à l’échelle d’une population) du VHC au point de service dans la rue à l’aide de tests rapides,
- déterminer les caractéristiques de la population incluse dans l’analyse,
- déterminer la prévalence de l’infection par le VHC au sein de cette population.
Pour rappel, le dépistage du VHC au point de service permet de prélever les échantillons, d’en effectuer l’analyse et d’obtenir ensuite les résultats à l’endroit même où ces échantillons ont été prélevés (par piqûre au doigt) – c’est-à-dire sans que l’échantillon soit envoyé au laboratoire. Les tests rapides au point de service permettent d’obtenir les résultats en quelques minutes.
C’est une étude transversale (données recueillies à un temps donné) communautaire incluant des HARSAH ayant assisté aux trois événements LGTB+ les plus importants de la ville de Sitges (Catalogne, Espagne) en 2022. Des points de service ont été installés dans des tentes dans la rue, et les participants étaient invités à réaliser un autotest volontaire de dépistage des anticorps anti-VHC. Les participants ont été informés de l’étude, ont donné leur consentement, ont rempli un questionnaire (ou évaluation) d’identification des pratiques à risque (ou TIRP, test for identification of risk practices) et ont au final réalisé le test OraQuick® VHC sur un échantillon de salive. Les participants avec des résultats positifs ont reçu ensuite une proposition de test de détection du virus VHC avec le test Xpert HCV Fingerstick® (FS) sur une goutte de sang. Le test Xpert HCV FS est un test in vitro de transcription inverse suivie d’une amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR) destiné à la détection et à la quantification de l’ARN du virus de l’hépatite C (ARN-VHC).
Le « TIRP » est un questionnaire comprenant 8 questions basées sur l’enquête European MSM Internet Survey (EMIS) effectuée sur les comportements des HARSAH, et celui-ci a été précédemment utilisé pour évaluer les relations entre certaines pratiques à risque et l’infection par le VHC. Chaque question (ou item) a deux réponses possibles (oui : 1 point, et non : 0 point), avec des scores finaux possibles allant de 0 à 8 points. Un score ≥1 est considéré comme un risque d’infection aux ITSS. Les participants devaient répondre aussi à la question générale suivante : « Quel est votre risque perçu d’ITSS ». Ils pouvaient auto-évaluer leur perception du risque sur une échelle allant de 0 à 10.
Résultats : tous présentaient des niveaux d’ARN-VHC indétectables
Selon les résultats, 1249 adultes ont participé au dépistage à grande échelle, dont 1197 (95,8 %) ont été identifiés comme appartenant au groupe HARSAH. Le taux de dépistage était de 39 participants/heure. Seulement quatre participants – soit 0,32 %, ont obtenu des résultats positifs pour les anticorps anti-VHC, mais tous présentaient des niveaux d’ARN-VHC indétectables. L’âge médian (IQR) des participants était de 44 ans. La plupart étaient Européens et 13 % d’entre eux ont déclaré ne pas connaître leur statut sérologique vis-à-vis du VHC.
Au total, 1185 adultes ont retourné leur questionnaire TIRP. Le score moyen du TIRP était de 1,40 (n = 1062), avec la question 1 (« Avez-vous eu des rapports anaux réceptifs sans préservatif au cours des 6 derniers mois ? ») ayant présenté le plus haut taux de réponses positives (53,3 %), suivie de la question 8 (« Utilisez-vous la PrEP de façon régulière ? ») avec un taux de réponses positives de 32,39 %. La majorité des participants (67,41 %) ont déclaré avoir pris certains risques (n = 716 avec des scores TIRP ≥ 1), tandis qu’un tiers (32,58 %) n’ont déclaré aucun risque (c’est-à-dire un score TIRP = 0). Concernant le risque d’ITSS perçu par les participants eux-mêmes, le score moyen était de 3 sur 10 (n = 969).
Une stratégie réaliste
En conclusion, la stratégie de dépistage au point de service dans la rue, utilisant un autotest oral rapide lors d’événements festifs ou récréatifs regroupant des HARSAH, a été considérée comme faisable, bien acceptée et rapide, selon les auteurs – cela a permis de rejoindre 36 à 39 individus par heure. Ils spécifient qu’elle pourrait constituer une stratégie utile pour atteindre d’autres populations à risque d’infection par le VHC.