Auteurs et déclarations | 17 juin 2016 Medscape Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue
L’hépatite E est aujourd’hui devenue l’hépatite virale la plus fréquente en France, dépassant les hépatites A, B et C. On la rencontre en particulier dans le Sud du pays, et dans une moindre mesure en Alsace-Lorraine.
En ce qui concerne la contamination, dans les pays en développement, l’hépatite E est clairement associée au péril fécal, comme l’hépatite A. En France, le mode de contamination diffère : la première source de contamination est la viande de porc, de sanglier ou de cerf crue ou peu cuite. Sont principalement mis en cause le foie de porc cru, les saucisses et quenelles de foie, les figatelles corses, et les saucisses de Toulouse.
On note également de rares cas de contamination par contact avec des animaux vivants ou leur carcasse.
Dans le monde, c’est chez l’enfant que la contamination est la plus fréquente. Dans cette tranche d’âge, elle reste d’ailleurs le plus souvent bénigne ou asymptomatique. Les formes symptomatiques, elles, se rencontrent surtout entre 15 et 40 ans. En France, l’âge moyen de contamination dépasse souvent 50 ans.
Sur le plan clinique, le tableau est celui d’une hépatite virale aiguë, comparable à celui de l’hépatite A. L’incubation est toutefois plus longue : de 3 ou 8 semaines.
Les manifestations commencent par un syndrome pseudo-grippal, qui peut durer jusqu’à 10 jours, suivi d’une phase d’état, caractérisée par l’apparition d’un ictère, de troubles digestifs et de douleurs abdominales, et d’une hépatomégalie. Cette phase dure habituellement 1 à 2 semaines, parfois davantage.
Comme dans l’hépatite A, la cytolyse hépatique est importante, avec des ALAT qui peuvent dépasser 2000 UI, et une cholestase dans environ 10 % des cas. Chez les sujets immunodéprimés, cette cytolyse est plus modérée.
Chez les femmes enceintes, les immunodéprimés ou en cas de maladie du foie, des formes fulminantes sont observées, potentiellement mortelles.
On note que la chronicisation est possible chez les immunodéprimés ; le risque de cirrhose existe.
Le diagnostic associe la recherche du virus (VHE) dans un prélèvement sanguin, par RT-PCT, et la sérologie (IgM et IgG). La sérologie est négative au début de la maladie, ainsi qu’en contexte d’immunodépression – d’où l’importance de la PCR. Les IgG, qui apparaissent au bout de 18 mois environ, peuvent persister 10 ans ou plus.
Enfin, sur le plan thérapeutique, il n’existe pas de traitement « officiel ». Certains antiviraux seraient cependant efficaces dans les formes graves.
Reste la prévention. Dans les pays en développement, les mesures sont classiques : hygiène, lavage des mains, évitement de l’eau du robinet, des crudités et fruits de mer. En France, la prévention passe par une bonne cuisson de la viande de porc, de sanglier ou de cerf.